Poèmes, Lettres et Chansons
de
Charly
J'ai fait un rêve… Ici en 2055


En ce mois d'avril de l'année 2055,
Message pour les extra-terrestres, probablement Juifs, dont l'arrivée est prévue en 3055, de la planète "La-bas", avec Boukha et Adam Houth.

Vous trouverez dans le tiroir de gauche de ma table de nuit, sûrement vieillie alors,

la recette, paraît il oubliée chez vous, de la Pkaila.

J'ai pu, en effet, intercepter votre message codé, mon esprit s'étant acéré après 35 années de confinement.

Mais, à y décrypter le mot Mloukhia, j'ai compris que je n'étais pas seul dans l'univers et que vous étiez pacifiques.

C'est un carnet rempli de toutes les recettes Tunes, vous mes frères, que vous trouverez là, et que j'ai inséré dans un gant chirurgical d'ici, adapté, pour le conserver.

À côté, j'y ai laissé un masque des années 2020 pour vous faire sourire de ce qu'on avait pour nous protéger alors de l'air ambiant.
Je souris bien sûr en vous l'écrivant.

Mon seul regret c'est qu'en 3055, quand vous arriverez, comme écrit dans votre message de 1000 années-lumière,

je ne serais malheureusement pas là pour vous accueillir dignement, à vous chanter "Au Café des Délices", avec ma darbouka…
et surtout, tenez-vous bien, avec la bouteille de Boukha scellée que je vous laisse !

Je suis parvenu la semaine dernière à enfin trouver comment confectionner une pile atomique à dérive millénaire et ce, avec un flacon de gel hydro-alcoolique, pour que mon frigo soit en état de marche – il n'y aura plus d'électricité dit-on dans 50 ans – et que vous trouviez cette bouteille de Boukha, à bonne température dans le congélo.

À l'avance je vous dis "Lé Haïm", car j'espère que vous parlez aussi un peu l'hébreu.

Ne vous en faites pas, si vous arrivez, comme c'est probable, en Avril 3055, j'ai calculé que ce sera bien un 14 Nissan ici, la bouteille est Cashère lé Pessah !

La nôtre s'appelle Bokobza – Dupain en français - et j'espère que vous saurez en appréciez la saveur garantie millénaire.

Je vous avoue que j'ai un seul regret, celui de ne pas pouvoir comparer son goût à vôtre Boukha...

Mais j'ai cru comprendre à décrypter votre message, que c'était aussi chez vous une recette ancestrale, captée et ramenée, en un message stellaire, par votre Messie et, qui sait, le même que le nôtre ?

Ah j'allais oublier - que voulez-vous le confinement vous fait perdre parfois la tête - dans le placard de droite du meuble de cuisine, si vous n'avez pas pu en emporter suffisamment,
vous trouverez quelques paquets de Matsa Chmoura – j'espère que vous utilisez la même chez vous – c'est un cadeau du Rav David Naccache.

J'ai pu la conserver à vie – bon, peut être que vous n'avez pas la même expression – grâce à une autre formule que j'ai découverte (le confinement a du bon pour faire des recherches), par masque pluri-chirurgical P55, à protection multi dimensionnelle.

Le must, c'est un cadeau personnel, vous trouverez, à côté de la Matsa, un coffret protégé par gant latex à taille adaptée et garanti inusable.

Ouvrez-le avec précaution
et vous y trouverez une Maguen David – ah peut être que vous ne savez pas ce que c'est, vous verrez c'est l'étoile à 6 branches en or – et un drapeau bleu et blanc avec la même étoile au centre et en bleu aussi.

Voilà car là où j'habitais, le pays qui a ce drapeau a pour nom Israël,

la seule contrée au monde, îlot de sérénité qui a survécu à tout et que…

…notre Messie a emporté loin dans les Cieux avec notre Temple – ce serait trop compliqué à vous expliquer – peut-être à votre rencontre ?

J'aimerais bien, si vous saviez, en votre voix venue d'un millénaire, bien sûr je rêve :

Vous êtes peut-être, et ce serait magnifique, je dirais divin, leurs descendants ?

Moi je suis resté là pour témoigner, il faut toujours qu'il y ait un témoin,

et avoir le temps – ce n'était pas évident – de vous laisser toutes ces traces de ma civilisation la plus avancée grâce à la conservation que nous a offert cette potion magique, comme disait un autre Juif, la Boukha Bokobza à côté d'un livre sacré de Torah.

Avez-vous aussi le même ?
Dommage je ne le saurais pas, mais je l'espère…
l'Espérance est notre hymne.

Amicalement,
Fraternellement,
J'aimerais aussi… Hébraïquement,

Ah j'allais oublier :

"Pessah et Msoki Casher vé Saméah"

Un rêveur,

© Charly Chalom Lellouche
Mardi 14 Avril 2020
(Écrit pendant cette période, hors du temps et inimaginable qu'a été le très strict 2ème confinement en Israël et qu'on pourra nommer "Covid19 An 2")

Notes pour, notamment, l'explication tous les noms de boissons ou plats d'origine de Tunisie, dans les familles juives :

Boukha : Eau de vie (la marque originale,Bokobza) qui seboit glacée, bouteille mise au congélateur.

Adam Houth = Oeufs de poissons séchés (Boutargue ou Poutargue)

Pkaila : Le plat le plus prisé pour les soirs de fêtes
(j'en avais écrit en 2005 un poème en : http://chalellouche.free.fr/dtitre.php?title_id=347)

Mloukhia : Aussi appelé "le plat qui ne finit jamais" avec au moins une baguette de pain, de préférence italien, pour le déguster.
(Depuis en 2023 j'en ai écrit un poème, lien en : http://chalellouche.free.fr/dtitre.php?title_id=1581)

Darbouka : espèce de tambourin monté sur un support en forme de gargoulette

14 Nissan : Le mois de Nissan est le 1er du calendrier religieux, celui de Pessah ;
en rappel le 14 Nissan est la date de la sortie d'Egypte avec Moïse

Pessah : La Pâque juive ou on ne mange plus de pain mais de la Matsa ("pain" sans levain, donc non fermenté)

Matsa Chmoura : Matsa surveillée depuis la coupe du blé jusque sa fabrication pour qu'elle ne fermente pas

Lé Haïm : Formule hébreu quand on trinque qui veut dire "à la vie"

Pessah et Msoki Casher vé Saméah : la formule réelle qu'on se souhaite à Pessah est "Pessah Casher vé Saméah" = que votre Pessah soit fait de produit Cashers et avec joie j'y ai rajouté "Msoki"


Msoki : plat traditionnel délicieux des Juifs tunisiens pour les soirs de fête de Pessah (à base de jardinière de légumes mais apprété d'épice odorante, cuit à point etc)


Ajouter un commentaire